Entre Deux Eaux

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Teriya Bugu, un paradis solidaire sur les bords du Bani

Partant de Djenné, la route pour Teriya Bugu est des plus simples : il suffit de suivre le goudron en direction de Bamako. Lorsque le chauffeur aperçoit le panneau « Teriya Bugu », il stoppe le bus en grand fracas (les chèvres entassées sur le toit n’apprécient pas trop ce genre d’arrêt intempestif et nous le font savoir par un concert de bêlements) et nous dépose au bord de la route. Autour de nous : rien. Le panneau indique une distance de 28km ; ne sachant pas s’il y aura des villages et donc des puits sur le chemin, tenter la marche est une mauvaise idée. Il ne nous reste plus qu’à nous asseoir sous un arbre et attendre. Heureusement, notre bonne étoile est avec nous : au bout d’une heure à peine, un 4×4 de deux touristes français nous emmène à destination. On aperçoit de loin le Bani (affluent du Niger), entouré d’un couvert végétal lorsque le reste du terrain n’est que brousse sèche et déserte. Le complexe de Teriya Bugu est entouré d’une forêt d’eucalyptus plantés par le Père Bernard Verspieren après son arrivée ici il y a une cinquantaine d’années.

Teriya Bugu signifie « la case de l’amitié » en bambara (dialecte prédominant au Mali). L’objectif de ce projet est d’en faire à la fois une ferme modèle (Vergers, potagers, grandes cultures, élevages, pisciculture,…) un laboratoire des énergies renouvelables (solaire, éolienne, biogaz) et un modèle de développement social. Pour ce faire, le Père Verspieren se base sur son amitié avec un pêcheur Somono du village de N’Goron : Lamine Samaké ainsi que sur ses expériences maliennes antérieures. Avant le grand projet de Teriya Bugu, le Père avait développé en 1973 l’association Mali Aqua Viva, avec le slogan « l’eau c’est la vie » qui avait permis de creuser plus de 4 000 forages. Un grand amoureux de l’environnement et du Mali !

En 1993, les activités de Teriya Bugu et des villages alentours sont structurées sous l’égide de l’ONG AEDR (Association d’Entraide pour le Développement Rural) qui regroupe l’ensemble des travailleurs et villageois de Teriya Bugu et œuvre pour leur développement socio-économique. Aujourd’hui, les activités de Teriya Bugu, qu’elles soient communautaires, touristiques ou agricoles, permettent de dynamiser l’économie locale et de faire vivre les familles de la soixantaine d’employés travaillant dans le complexe.

Nous arrivons un jeudi, jour du marché à Teriya Bugu. Sous les eucalyptus sont installées une cinquantaine de femmes vendant majoritairement des produits de première nécessité: huile, sel, vêtements, piles, lampes torches,…Un peu plus loin, sur les bords du Bani, toute une industrie s’est mise en place : les poissons (principalement du Capitaine) pêchés par les hommes sont ensuite cuits, séchés et salés par les femmes afin de les exporter dans l’intérieur des terres. C’est entre ces deux centres de vie que se situe l’entrée du complexe de Teriya Bugu. En pénétrant dans l’enceinte rouge, on découvre une myriade d’activités : un tracteur, des potagers, la mielerie sur la gauche, un panneau indiquant « musée » et tout un tas de travailleurs s’agitant dans l’espace vêtus du T-shirt au nom du centre.

Le 4×4 nous dépose à l’entrée de l’hôtel. Ce dernier a été créé après la mort du père Bernard Verspieren, survenue le 24 Octobre 2003. Le père étant le principal donateur de la structure, AEDR a du réorganiser ses activités afin de survivre financièrement. Un certain nombre d’activités ont été fermées et l’hôtel a ouvert ses portes, permettant de financer aujourd’hui 75% des charges d’exploitation de tout le complexe. L’hôtel comprend 27 chambres et bungalows, un restaurant, une « paillotte-bar », une piscine, une salle de conférence de 100 places, un musée et de multiples activités touristiques et sportives (visites culturelles, promenades ornithologiques, sentier botanique, pédalos, terrains de sports). Certains diront qu’une piscine n’est pas une activité écologique, ce à quoi je rétorquerais que pour attirer les touristes lorsqu’il fait 35°C dehors, c’est un atout indispensable. En fin d’après-midi, nous visitons les installations du centre : l’école, le dispensaire, la boulangerie, les ruches joliment disposées sous les eucalyptus, le centre de fabrication de biocarburant. Ce dernier est fabriqué à partir d’huile de Jatropha Curcas, une graine locale. Malheureusement, lors de notre passage, la production est stoppée depuis 6 mois dans l’attente d’une pièce de réparation en provenance de France.

C’est là peut-être la principale critique que l’on puisse faire à l’extraordinaire motivation du Père Verspieren : grâce à une manne financière personnelle, il a permis la construction de toutes les infrastructures mais n’a pas envisagé l’heure de la relève. Depuis sa mort, la famille Verspieren et son entourage, à travers l’Association des Amis du Père Bernard Verspieren (AAPBV), financent encore le centre à hauteur de 25% environ mais ce type de développement, non autonome, n’est pas non plus durable. Les activités du centre sont trop nombreuses et trop variées pour être financièrement rentables. Depuis 2003, les directeurs successifs se sont efforcés de restructurer les activités et de développer le centre sur la base du tourisme solidaire. Ces directeurs volontaires français travaillent depuis 2003 sur la base d’une rotation de 2 ans, parfois lourde à gérer pour les employés travaillant sur le site depuis plusieurs dizaines d’années.

Malgré les défis qu’ils lui restent à surmonter, le centre de Teriya Bugu s’impose aujourd’hui comme un des meilleurs exemples du tourisme solidaire au Mali. En le décrivant comme « paradis terrestre », le Routard ne s’était pas trompé. De tous les exemples d’initiatives de développement que nous avons pu traverser durant nos 19 mois de voyage, Teriya Bugu est certainement un des plus vastes et des plus aboutis, montrant par sa simple existence que les idées les plus folles sont parfois les meilleures….

Pour les contacter :
www.teriyabugu.com

Teriya Bugu
BP 596 Ségou
République du Mali

Téléphone : +223 21 32 00 30
Mobile : +223 66 69 96 86
Fax : +223 21 32 00 60

info@teriyabugu.com
Pour l’Hôtel : hotel@teriyabugu.com


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