Entre Deux Eaux

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Expertise en management stratégique de projets complexes dans le domaine de l’eau

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Découverte

Premier clin-d’œil indien

Depuis 2 semaines notre périple se poursuit sur les routes Indiennes. Nous avons tellement entendu de choses sur ce pays que nous ne savions pas vraiment comment nous y préparer. Voici nos premières expériences, surprises, rencontres, émerveillements. Une introduction des eaux qui vont bercer notre quotidien pour les 3 prochains mois.

16h30 – 20h. Notre vol Amman – Abu Dhabi fut plutôt agité. L’avion avait à peine décollé que deux types d’une quarantaine d’années détachent leurs ceintures et commencent à jouer des poings au dessus des sièges et devant les hôtesses impuissantes et affolées. L’objet de la rixe : un des deux concernés aurait fait des remarques salaces à la femme du deuxième. Une petite demi-heure plus tard, trois rangées derrière nous, un steward interpelle un homme dans la fleur de l’âge, lui demandant d’arrêter d’inhaler cette poudre blanche qu’il sort d’une fausse cigarette. Le même vieillard, une heure plus tard, est accusé d’attouchements envers une femme dans les toilettes. A la sortie de l’avion, deux policiers aéroportuaires l’attendent en uniformes.

21h45 – 3h. L’avion d’Abu Dhabi à New Delhi fut beaucoup plus calme et civilisé, bien que notre premier pas dans l’aéroport refléta déjà les vapeurs de l’Inde. Une épidémie d’H1N1 venue tout droit d’Amérique du Nord oblige les autorités à faire remplir à tous les passagers une petite feuille jaune et à se battre pour atteindre un minuscule comptoir où des laborantins en blouse blanche décident si oui, ou non, vous êtes aptes à passer le contrôle sanitaire.

3h45. Un « prepaid taxi » nous emmène le long de la quatre voies qui mène de l’aéroport à New Delhi. La route est large, bien goudronnée, a priori, pas d’incident en vue, nous allons enfin pouvoir dormir. Mais la route indienne tient plus de la loi de la jungle que du code de la route. Voilà qu’un camion multicolore affichant « Horn Ok Please »  à l’arrière nous fait une queue de poisson. Coup de frein. Fin du taxi. A près une heure de parlementassions administratives, nous finissons par changer de taxi.

5h. Entrée dans la ville.

J’imagine que l’arrivée en Inde est une expérience pour tous les curieux qui sont arrivés jusque là. Les grandes villes comme New Delhi, Mumbai ou Calcutta regorgent de surprises, fourmillent d’êtres humains et d’animaux, suppurent d’odeurs fétides mais restent le cœur d’un continent en pleine mutation. A la différence du Moyen-Orient, l’Inde a de l’eau. 86% de sa population y a accès et heureusement : avec plus d’un milliard d’habitants, on voit mal quel pourrait être un plus grand frein à sa croissance. Cependant, les problèmes apportés par cette même eau sont nombreux :

  • Contamination : la plupart des sources sont polluées par des déchets et polluants agricoles ;
  • Hygiène : seulement 14% de la population a accès à des latrines ;
  • Inondations : Les trois quarts des précipitations en Inde ont lieu sous l’influence de la mousson du sud-ouest (Juin à Septembre, nous vous dirons ce qu’il en est). Les principales régions affectées par les inondations sont situées dans le nord et l’ouest du pays.
  • Sécheresses : alors que certains sont sous les eaux, d’autres souffrent du phénomène inverse. Les précipitations peuvent aller de 100mm dans les régions les plus sèches à 100 fois plus dans les régions humides.

Pour qui se balade dans les rues de ces mêmes villes remarquera que l’eau est présente partout : dans presque chaque rue, des femmes et des enfants chargés, qui de seaux, qui de bidons, viennent remplir leurs précieux réservoirs dans des pompes ornées de symboles hindous. A quelques mètres, des vendeurs de thé masala (à base d’épices du même nom et de coriandre) distribuent leurs breuvages dans des petits verres ou des coupelles en plastique. En Inde, ces gobelets communs ne touchent aucune lèvre, tout comme deux personnes ne croqueront jamais dans le même naan (pain). La « jhutha », nourriture que l’on partage avec les autres, est taboo. Et tant mieux : cela évite bon nombre de maladies. Cette tradition vient-elle d’une initiative sanitaire du gouvernement ? Nous n’avons pas encore réussi à éclairer ce point.

Un peu plus loin, un homme est debout à cheval sur trois grandes bassines en cuivre qui font deux fois sa taille. Avec un seau, il transvase le liquide transparent d’une cuve à l’autre, remplissant de temps à autre une cruche que son acolyte offre à tous les passants. Il fait 48°, la chaleur est presque insupportable et boire est une question de survie. A notre arrivée, impossible de marcher plus de 5 minutes sans s’abreuver. En quelques secondes, la bouche devient sèche et les quelques gouttes ingurgitées un instant plus tôt sont déjà parties en sueur ou en évaporation. Si bien que bon nombre d’indiens en ont fait leur commerce : les vendeurs de bouteilles ou de sachets d’eau se multiplient, entrant par les fenêtres à chaque arrêt du bus, se jetant sur les passants dans les coins de rue ou sur les plages, hélant les touristes sur la place des marchés. Leur impétuosité serait plus agaçante si leur rôle n’était pas si vital.

Dans les campagnes, la situation est un peu différente. Alors qu’en Afrique plusieurs milliers d’habitants s’approvisionnent souvent dans le même puit, en Inde chaque groupement d’habitations, chaque famille ou presque possède son propre puit ou sa réserve d’eau. Celles-ci ont longtemps été constituées d’un simple trou dans le sol recouvert de branchages afin d’éviter l’évaporation. Depuis quelques années, le gouvernement a fait construire des infrastructures en ciment dont on ne voit en surface qu’une plateforme carrée d’environ 6 mètres de côté avec une petite trappe où les enfants et les femmes viennent descendre leurs seaux. Ces réservoirs sont approvisionnés régulièrement par des citernes gouvernementales. Quant à la végétation, elle est aussi beaucoup moins assoiffée que dans d’autres régions du monde. Même au Rajasthan, région la plus aride de l’Inde, les déserts sont couverts de plantes grasses allant puiser leur survie dans les réserves souterraines.

L’inde est divisée en 28 Etats et 7 Unions territoriales. De son milliard d’habitants, la grande majorité est rurale et dépend des fleuves pour son approvisionnement en eau. Pour la plupart, ces fleuves traversent les Etats dont relève, selon la constitution indienne, le management des ressources locales. Mais comme les tensions ne sont pas réservées aux nations, la cour de justice passe son temps à statuer sur des divergences étatiques : Narmada entre Gujarat, Madhya Pradesh, Maharashtra et Rajasthan, Godavari entre Maharashtra, Andhra Pradesh, Orissa, Madhya Pradesh et Karnataka, Barrage de Babhali ou de Mulla Perivar, ou encore les fleuves de Vansadhara, Mahadavi, Krishna ou Cauvery. Ce dernier fera l’objet de notre étude, avec son voisin le Gange. Un projet gargantuesque a même pour objectif de construire un canal pour relier tous les fleuves d’Inde. Un canal pour sauver un fleuve ou une mer, cela vous rappelle quelque-chose ? Les paysages, les cultures et les gens changent mais il semble que les ambitions humaines restent intactes…


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