Entre Deux Eaux

Entre Deux Eaux

Expertise en management stratégique de projets complexes dans le domaine de l’eau

Entre Deux Eaux RSS Feed
 
 
 
 

Voyage

Une semaine entre deux eaux

Visiblement, les articles sur le thème de l’eau ne passionnent pas tout le monde, ce que je comprends très bien. Nous avons un peu forcé nos lecteurs, amis et familles à partager notre intérêt pour le domaine. Et puis, cela faisait quelques temps que nous voulions vous faire partager notre quotidien, puisque, aussi difficile à croire que ça puisse être, le voyage est devenu notre quotidien. Alors pourquoi pas se lancer dans le récit d’une de nos semaines, pour que vous puissiez partager un peu plus avec nous. Prenons la semaine dernière, au pif (et parce-que c’est celle dont je me souviens le mieux).



Lundi 4 janvier
La semaine, qui est accessoirement aussi la première semaine de l’année, a toujours une fâcheuse tendance à commencer par un lundi. L’avantage du voyage, c’est que les semaines n’existent plus. Notre année de boulot a donc en réalité recommencé le samedi 2 janvier, puisque c’est comme ça. Nous déterminons bien sûr notre emploi-du-temps, mais c’est aussi parfois lui qui nous détermine. Lorsque nous avons du temps, nos ordinateurs (et internet, le luxe), nous travaillons. Que ce soit dimanche, mercredi, le matin ou la nuit. Et le reste du temps, nous voyageons. Et puis nous nous adaptons. Dans les pays arabes le week-end commence le vendredi matin et se termine le samedi soir. Dans les pays asiatiques, la journée commence à 6h du matin et se termine à 18h, heure du repas. En Amérique du Sud, elle est en deux parties : de 9h à 13h, puis de 16h à 20h, après la sieste. Nous nous sommes successivement levés à l’aube et couchés aux aurores ou le contraire. Les seules choses qui nous ramènent à la réalité sont nos estomacs (parce-que quand on a faim, on a faim), nos yeux (parce-que quand on est fatigués, ça n’attend pas) et les rendez-vous (on ne nous a encore jamais reçus un jour férié). C’est ainsi que nous avons découvert en arrivant dans la région que les vacances d’été ici commencent début janvier, et que le premier mois de l’année équivaut à un mois d’août chez nous. Autrement dit : tout est fermé, tout le monde à la plage.

Heureusement, nous avions pu fixer la majorité de nos rendez-vous en décembre et seuls quelques retardataires ont trouvé leur place en ce début d’année. Nous passons donc la journée du lundi sur nos ordinateurs. Les journées de boulot consistent en plusieurs thématiques :

- La communication : écrire les articles, préparer et envoyer les newsletters, mises à jour du site internet, tri des photos et vidéos, autrement dit ce que je suis en train de faire en ce moment même,
- Les analyses : recopier les notes prises lors des interviews, classer les enregistrements, trier les données, lire les documents de projet et les analyser,
- La logistique : organisation de nos futurs déplacements, achat des billets de bus, bateau ou train, envoi de demandes couchsurfing, tenue des comptes, vérification de l’évolution des taux de change,…
L’avantage, c’est que lorsqu’on en a marre des analyses, il suffit d’alterner, moi pour la comm’ en général, et Ben pour la logistique.
Le soir passe en représentation « La Bomba de Tiempo », une école de percussions qui se donne en représentation tous les lundis au Konex à 19h. Ils sont une quinzaine sur scène, chacun avec des percussions différentes dont je ne saurais pas nommer la moitié, certains avec des grattoirs qui ressemblent à des rapes à fromage, d’autres avec des tambourins entourés de clochettes. Ils sont tous vêtus de combinaisons oranges type prisonniers américains. Chaque lundi, des centaines de personnes viennent assister à leur performance, dans un immense hangar qui résonne de leur rythme endiablé. Un vraie drogue acoustique.



Mardi 5 janvier
A 15h, nous avons rendez-vous avec Lilian CASTILLO LABORDE, une spécialiste en droit international de l’environnement qui travaille au Ministère des Affaires étrangères. Nous commençons par nous tromper de bâtiment, la « Cancilieria » comme on l’appelle ici s’étalant sur une rue entière et le nom de famille « Laborde » étant plutôt répandu en Argentine. Notre première hôte, les cheveux orange flash et un rouge à lèvre pourpre monté sur des talons vert fluo, nous accueille en nous déposant deux grosses bises sur les joues. Pas vraiment la femme âgée et sage aux petites lunettes à laquelle je m’attendais. En même temps, il nous est arrivé aussi de croire rencontrer un homme qui était en fait une femme, les prénoms indiens ou asiatiques n’évoquant pour nous aucune forme de sexualité. Dans ce cas là, nous nous arrangions pour envoyer des mails qui ne nécessitaient pas de mentionner ce doute. L’anglais est une langue très utile à ce niveau. Un quart d’heure plus tard, nous échouons dans le bon bureau. Madame LABORDE (la vraie) est plus dans mon cliché. Pendant 1h30, elle nous explique les torts et les retords de la jurisprudence internationale, un exposé passionnant, bien qu’un peu épuisant puisqu’entièrement en espagnol, langue que nous avons commencé à parler en arrivant dans la région. Nous passons la soirée à manger un énorme « Bife de Lomo » (filet de bœuf) à l’argentine avec Amélie, la sœur de Ben, puisque c’est la dernière soirée que nous passons avec elle. Cela fait déjà presque 3 semaines que nous squattons chez elle à Buenos Aires et elle part pour deux mois d’aventure en Bolivie et au Chili, nous laissant seuls dans son appartement de San Telmo.



Mercredi 6 janvier
Après avoir accompagné Amélie à la station de bus (les trains n’existent pas en Argentine) nous reprenons une journée de boulot. A 21h30, nous nous rendons à Retiro pour prendre un bus de nuit pour Montevideo, en Uruguay, de l’autre côté du Rio de la Plata. Les bus sont trois étoiles dans la région : plateau repas, air conditionné (parfois un peu trop), siège très inclinable et plutôt très confortable.



Jeudi 7 & Vendredi 8 janvier
A 7h30 (8h30 heure uruguayenne), nous débarquons à Montevideo. Les habitudes de l’arrivée dans un nouveau pays sont maintenant acquises : changer de l’argent, récupérer une carte de la ville à l’office du tourisme, acheter les billets de retour. Nous faisons cela comme des pros, sans ciller et dans un ordre parfait. Nous nous changeons dans les toilettes de la station pour passer nos tenues d’entretien : chemises et pantalon, chaussures correctes, pas besoin d’être en 3-pièces mais propres quand même. Nous pensons souvent à nos interlocuteurs qui nous croient arrivés en taxi après avoir dormi à l’hôtel. Lorsque nous leur demandons le numéro du bus pour retourner dans le centre, ils nous offrent de nous appeler un taxi. Nous déclinons gentiment et faisons croire que nous en prendrons un à la sortie, n’osant leur dire que nous passons parfois près de 2 heures à arriver jusqu’à leur bureau, en stop, à pied ou en « collectivo » (bus), tous les moyens sont bons, tant qu’ils ne sont pas chers. Nous mangeons les plateaux repas de la vieille au soir en guise de petit-dèj’ dans un parc de cette nouvelle ville et de ce nouveau pays. Cependant, il y a peu de changement par rapport à l’Argentine et qui voyage longtemps se rend compte que les pays fonctionnent à peu près tous de la même façon : qui sait prendre le métro en France saura le prendre partout ailleurs. J’émettrai cependant une petite réserve sur l’Inde, un de mes pays de prédilection de notre voyage mais également le plus bordélique qui soit.
A 10h30 nous avons rendez-vous devant le café « La Pasiva » au coin entre la rue 18 de Julio et la rue Ejido avec Alberto MANGANELLI qui a travaillé sur le projet que nous étudions. Nous l’écoutons passionnément pendant 2h, entre les bruits de fourchettes et les odeurs de croissants (eh oui, il y a des croissants en Uruguay). Il nous conduit ensuite à notre rendez-vous suivant au Ministère des transports et des Travaux Publics, Direction Nationale de l’Hydrographie. A 14h, re-sandwich dans un parc. Il est temps de nous occuper de notre logement de ce soir. Aucune des demandes couchsurfing que nous avons faites n’a abouti, Mauro est le seul qui a répondu, nous donnant son numéro de téléphone, c’est notre seul espoir. Ouf, il répond, et double-ouf, il accepte de nous loger. Mais il est steward et part dans l’heure, nous devons nous dépêcher de prendre un bus pour le rejoindre à l’autre bout de la ville. 16h, nous somme chez lui, les clés en main, Mauro vient de partir faire l’aller-retour pour Buenos Aires. La journée du lendemain se déroule à peu près à l’identique, avec un seul rendez-vous, une visite de la ville et un passage à la plage en plus.



Samedi 9 et Dimanche 10 janvier
Enrique MASSA est notre dernier rendez-vous pour l’Aquifère Guarani. Comme il est en vacances, il nous a proposé de le rejoindre sur son lieu de villégiature. Il nous accueille dans sa maison de vacances, en bob et maillot de bain. Après l’interview, il nous prépare un « asado » à la « parilla », autrement dit des côtes de bœuf au barbecue, que nous mangeons avec sa famille. Il nous emmène ensuite à la plage avec sa femme. C’est dans ces moments où nous pensons à nos amis et au fait qu’aucun ne nous croirait si nous leur expliquions que nous sommes venus faire une interview, au bord de la plage et devant un barbec’. Le voyage nous amène parfois dans des situations bien cocasses…Nous rentrons sur Montevideo en fin d’après-midi pour retrouver un groupe de couchsurfers chez Mauro, dont une américaine et un couple formé d’une uruguayenne et d’un camerounais. Je suis toujours admirative devant ces couples aux nationalités incroyables et qui auraient pu difficilement exister il y a 50 ans. Aujourd’hui, le monde en est rempli et il est fabuleux de s’asseoir à une table et de constater que tous les continents sont représentés. Quel échange, et quelles perspectives ! La langue passe d’anglais à espagnol à français jusqu’à ce que nos cerveaux entrent en ébullition et finissent par jeter leur dévolu sur la pizza.
Nous passons la journée du dimanche à visiter la petite ville de Colonia, marquée par l’histoire et par la colonisation espagnole, aux murs colorés et à l’allure chantante. A 20h, nous reprenons le bateau qui nous fait traverser le delta pour rentrer à Buenos Aires, en faisant attention que les douaniers ne tamponnent pas nos passeports en plein milieu d’une page même si, indubitablement, je pense que nous allons devoir les changer, faute de place, avant la fin du voyage.

Un pays, une semaine, et dans 5 jours nous partons en Afrique. Les jours, les semaines et les mois à venir nous semblent encore bien loin, et proches à la fois. Lorsque l’on est en France dans son bureau et que l’on sait que l’on va partir sur un autre continent dans quinze jours, on commence à s’y préparer, on achète des guides de voyage, on commence à faire son sac. Pour nous, les quinze prochains jours sont aussi un voyage, un autre pays peut-être, tout comme les quinze suivants. C’est magnifique, et c’est comme un lent sablier qui s’écoule. On souhaiterait l’arrêter parfois, parce-que l’on est trop bien, que l’on ne veut pas quitter quelqu’un, mais on ne peut s’empêcher de se demander qui sera la personne à venir et alors la hâte nous prend, de la rencontrer, et de repartir voyager.


Warning: is_writable() [function.is-writable]: Unable to access /cache/php.err in /mnt/153/sdb/c/5/entre2o/wp-includes/wp-db.php on line 200

Leave a Reply

Notre Bibliothèque

Inscrivez-vous à la newsletter

E-mail:

S inscrire
Se désinscrire

Photos

Barbier en pleine rue
eau publique

Films