Découverte
Les plus des bassins
Lorsque nous arrivons sur un nouveau bassin, nous avons toujours une excitation particulière pour notre première rencontre avec l’hôte des lieux. Chaque rivière a son histoire, sa culture, sa population. Nous les découvrons souvent avant notre arrivée dans la région à travers nos lectures. Mais toutes ces lignes ne nous permettent pas de nous faire une image du spectacle que nous allons découvrir. Le Nil est le plus long du monde, l’Okavango ne se jette pas dans la mer, le Jourdain est le lieu de baptême du Christ… Retour en images sur nos surprises aquatiques.
Le Danube, le plus actif
Le Danube est l’artère principale de l’Europe de l’Est. Centre névralgique autour duquel se sont organisées de grandes villes telles que Vienne, Bratislava, Budapest et Belgrade. Depuis leurs origines, le Danube leur fournit suffisamment d’eau pour leur consommation puis également, avec le temps, pour le développement de leurs activités, notamment industrielles. Mais un fleuve n’est pas un lac : il se déplace, il migre, il bouge. Le flux cherche une voie à travers cette terre pour retrouver la mer. Il offre alors des perspectives de commerce grâce à la navigation. Le Danube est désormais la porte de sortie vers la mer Noire, la Russie, la mer Méditerranée, le Maghreb, l’Europe, le Canal de Suez et le monde.
Le Tigre et L’Euphrate, le plus historique
Mes premiers souvenirs sur ce bassin datent de ma 6ème, mes cours d’histoires avec Mme Delacourt où nous suivions les épopées fabuleuses d’Alexandre et autre César. Ces fleuves étaient au cœur de nos cartes. Ils alimentaient aussi accessoirement les jardins suspendus de Babylone, une des 7 merveilles du monde. Encore aujourd’hui, leurs berges sont chargées d’histoires. Ils sillonnent entre les ruines grecques ou romaines, saluent un fort croisé qui le toise du haut de sa montagne ou bien se recueille le temps d’une prière dans le cœur du royaume des Omeyyades. L’origine du monde occidental et moyen-oriental se situe ici.
Le Jourdain, le plus riquiqui
Qui n’a jamais entendu parle de ce « fleuve » mythique ? Le baptême du Christ par Jean-Baptiste en a fait un haut lieu de pèlerinage pour les chrétiens. Les conflits entre le monde arabe et Israël l’ont propulsé à la une de la presse internationale. Et pourtant, le Jourdain ne mérite pas son titre. Il s’agit d’une rivière tout au plus en amont du lac Tibériade, puis il passe au rang de ruisseau lorsqu’il matérialise la frontière entre la Jordanie, Israël et les Territoires Palestiniens pour une distance totale inferieure a 300km. Les activités sont aussi proportionnelles à la taille du cours d’eau. Nous pouvions participer a tous type d’activités aquatiques en amont du fleuve, mais nous faire réprimander par les militaires jordaniens lorsque nous nous en approchions a moins de 500m plus en aval.
Le Cauvery, le plus inconstant
Le Cauvery suit la longue lignée des fleuves asiatiques qui dépendent de la mousson. Tout fleuve dépend des précipitations. Mais lorsqu’en Europe, nous célébrons le passage au printemps, a l’été, a l’automne et l’hiver, les indiens eux attendent la fin de la saison sèche avec impatience. Les précipitations ne sont pas aussi régulières que chez nous, c’est tout ou rien : 6 mois de sécheresse pour 3 mois d’inondations. Dans ce contexte, le spectacle entre les deux principaux états, le Tamil Nadu et le Karnataka, a été bien différent. La pluie a commencé d’un côté et pas de l’autre. Regardez la vidéo.
Le Gange, le plus sacré
La relation que les Indiens entretiennent avec le Gange dépasse notre entendement. Il est à la fois source de vie et lieu de mort et dans ces deux conditions, il déplace les foules. Dans un pays de plus d’un milliard d’habitants (18 fois la population française), ces mouvements de foule deviennent paradoxalement à la fois chaotiques et harmonieux. Quel spectacle ! Il peut faire peur à première vue mais une fois qu’on apprend à se laisser bercer par la houle, il vous emmène vers des horizons majestueux.
Le Mékong, le plus peuplé
Lors de notre descente du Mékong depuis la Thaïlande vers le Laos, les berges sont vides. De la jungle à perte de vue ! Parfois un village perdu apparait au revers d’une montagne, le village nous salue depuis la rive, le bateau est leur seul lien avec le reste du pays. En sens inverse, les paysages sont différents mais la réalité est la même. Nous quittons le Delta au Vietnam et remontons le cours d’eau jusqu’au Cambodge. Les maisons sont cachées entre les arbres et perdues au milieu de l’étendue bleue. En période humide, le bateau est le seul moyen de transport. Les routes sont sous les eaux ! Mais alors pourquoi ce bassin est il le plus peuplé ? Parce qu’il existe des spectacles que nous ne pouvons voir et que la vie se trouve ailleurs, sous notre coque par exemple. On dénombre plusieurs centaines d’espèces de poissons différentes dans le Mékong. La variété et la quantité d’espèces place le fleuve comme première ressource mondiale en eau douce.
Le Paraná, le plus vaste
En France, lorsque la Seine partage une zone urbaine en deux, nous avons d’un côté, la rive droite et de l’autre la gauche. Deux parties bien distinctes pour les habitants mais qui forment bel et bien une même entité, la ville de Rouen. En Argentine, le fleuve est trop vaste pour permettre à une ville de s’organiser autour. Paraná et Santa Fe se font donc face mais régissent des provinces bien distinctes.
La taille de l’estuaire est tout aussi démesurée. En prenant son temps pour la vue, le pont de Normandie peut être traversé en plus ou moins 10 minutes. Pour rejoindre Buenos Aires depuis Colombia (Uruguay), il faut tout d’abord réserver son bateau et puis avoir un peu de temps devant soi. Asseyez-vous confortablement, la traversée va durer 3h.
L’Okavango, le mieux préservé
Une ballade en Mokoro nous convint de la propreté de ce fleuve. L’eau est translucide et nous pouvons apercevoir les poissons filant sous notre embarcation ou bien les traces que les crocodiles ont laissé sur les fonds sablonneux. L’Okavango est la plus grande zone humide protégée au monde. L’Angola sort d’une sanglante guerre civile et la Namibie n’a pas fait de la région une priorité de développement. Les faibles activités en amont permettent au fleuve de conserver sa propreté originelle et de se jeter dans un delta que le Botswana couve comme la poule aux œufs d’or.
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