Entre Deux Eaux

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Infrastructure

Passé, présent, futur, 3 barrages le long du Nil (Assouan, Merowe, Gibe 3)

1970, 2009, 2013 : En descendant le Nil, nous avons croisé la route de trois barrages extraordinaires, autant par leur taille que par leur ambition. En premier lieu, le barrage d’Assouan, connu dans le monde entier pour être la fierté de l’Egypte et permettant entre autres d’en réguler les crues. Mais la fierté n’a que peu duré puisque le barrage s’est révélé être en quelques années une catastrophe écologique. Depuis, les connaissances techniques, ainsi que la notion de responsabilité sociale et environnementale ont fait un bout de chemin, permettant de peser le pour et le contre et, dans la mesure du possible, d’identifier les « bons » des « mauvais » barrages. (Voir article) Malheureusement, ces notions ne sont pas mises en exergue par tous les investisseurs, et si l’Europe y met un point d’honneur, il n’en est pas de même pour la grande puissance asiatique chinoise, dont les entrepreneurs grouillent sur les chantiers africains. Dans cette lignée, le barrage de Merowe, dans le nord du Soudan, a déclenché de nombreuses polémiques. Enfin, Gibe 3 est le troisième d’une lignée de barrages entrepris par l’Ethiopie afin de se placer comme puissance hydroélectriques régionale. Saura t-elle tirer les leçons de ses prédécesseurs ? Présentation de 3 infrastructures emblématiques du Nil de l’Est : passé, présent et futur.



ASSOUAN

Carte d’identité du Haut Barrage d’Assouan
Localisation Sur le Nil, en Egypte, à la frontière avec le Soudan
Construction 1960-21 Juillet 1970
Longueur 3830 m
Hauteur 111 m
Largeur (à la base) 980 m base, 40 m crête
Entretenu par Muaykensan
Réservoir Lac Nasser Capacité du réservoir 111 km3
Turbines 12
Capacité installée 2.1 GW

Etudes préalables:
Pas d’études d’impact préliminaire.

Historique
Le Barrage d’Assouan prête son nom à deux barrages, tous deux situés à Assouan, dans le sud de l’Egypte. Par habitude, celui qui se réfère le plus souvent à cette dénomination est cependant le plus grand des deux et le plus jeune en date : le Haut Barrage d’Assouan (ses 111m de haut lui font bien porter son nom). Ce dernier fut terminé en 1970, tandis que son prédécesseur le précédait de plus d’un demi-siècle, achevé en 1902. Les deux projets ont pour but de réguler les crues du Nil, de stocker de l’eau pour l’irrigation et de produire de l’électricité. Sur ce point, rien d’extraordinaire, les deux barrages suivant de cet article ayant à peu de choses près les mêmes fonctions. Ce qui distingue les deux barrages d’Assouan, c’est entre autres leur proximité : 4km.

Tout le monde connaît plus ou moins l’histoire de l’Egypte dont on se fait une image idyllique, visualisant les plaines vertes du Nil, cultivées et irriguées depuis des siècles. Mais les leçons d’histoire et de géographie nous apprennent aussi l’instabilité de ces crues, étant régulièrement symboles de sécheresses ou d’inondations. Faisant face à une croissance économique et démographique importante, l’Egypte a voulu réguler ces crues, notamment dans le but d’améliorer le rendement du coton. L’idée est apparue dès les années 1000. Seulement, les crues, en plus d’être un phénomène naturel, sont également un apport important de nutriments et de minéraux.

En 1882, les anglais envahissent l’Egypte et commencent la construction du premier barrage d’Assouan peu de temps après, en 1898. Le 10 Décembre 1902, le barrage est inauguré. Un manque de connaissances techniques et d’études préliminaires rendent rapidement le barrage inadéquat et la hauteur du barrage est augmentée à deux périodes successives : de 1907 à 1912 puis de 1929 à 1933. Mais en 1946, le barrage est presque inondé à nouveau. Plutôt que de l’élever à nouveau, l’Egypte anglaise décide d’en construire un deuxième à 4km en amont. En 1952, Gamal Abdel Nasser libère l’Egypte de ses occupants grâce à une révolution menée avec les “Free Officers » et immédiatement après, il commence les plans du nouveau barrage.

Les Etats-Unis et l’Angleterre offrent leur soutien financier au leader avec un prêt de 270 millions de dollars, à condition que Nasser résolve le conflit israélo-arabe. Non seulement Nasser se rend-il rapidement compte qu’il n’est pas en position de le faire, mais il se rapproche de l’URSS. Que ce soit pour cette raison ou une autre reste encore un mystère, toujours est-il que les deux donneurs retirent leur proposition. Le reste est connu des livres d’histoire : en 1956, Nasser nationalisa le Canal de Suez, dans l’objectif de financer le barrage par les frais de passage. Cet épisode donna lieu à la fameuse Crise du canal de Suez, qui se termina par l’ordre de l’ONU à la France, la Grande-Bretagne et Israël d’évacuer le territoire égyptien, et donc à la victoire de Nasser. En 1958, l’URSS accepte de financer le projet du Haut Barrage d’Assouan. En 1960, la construction commence, achevée le 21 juillet 1970.

Les points positifs du Haut Barrage d’Assouan
Remplissant ses fonctions premières, le barrage fournit une grande partie de l’électricité à l’Egypte. À sa création, il contribuait à la moitié de la production électrique du pays. Depuis, ce pourcentage a baissé à moins de 13% suite à la construction d’autres infrastructures hydroélectriques.

Deuxième fonction, la régulation des crues. Avant sa construction, l’Egypte était sujette à des inondations importantes, et en parallèle, à des sécheresses. Le barrage a permis de réguler ces crues, distribuant plus d’eau en saison sèche et retenant les pluies en saison humide. Aplanir ces différences saisonnières a eu un impact important sur les cultures puisque les paysans des plaines du Nil sont passés d’une à deux récoltes par an (sauf pour la canne à sucre ayant une longue période de gestation), doublant donc leurs revenus. Globalement, on peut dire que les systèmes d’irrigation dans les plaines du Nil sont plutôt efficients.

En outre, un impact indirect créé par le barrage fut le développement d’une industrie de poisson sur les bords du lac Nasser. Cependant, même si cette industrie a connu de bons débuts, elle connaît aujourd’hui des jours plus difficiles, en partie à cause de la distance vis-à-vis de marchés de taille significative. Enfin, le barrage a permis d’améliorer la navigation, rendant le Nil praticable tout au long de l’année.

Les points négatifs du Haut Barrage d’Assouan
Pas très difficile de peser le pour et le contre de ce barrage, dans la mesure où il est publiquement réputé être une véritable catastrophe. Outre le fait de remplir ses fonctions, les conséquences de sa construction sur son environnement au sens large sont déplorables.

D’abord, le remplissage du lac Nasser a entraîné l’inondation de nombreux sites archéologiques. Le site se trouve en effet dans l’axe de la vallée des rois, dont les pyramides et les tombeaux, connus dans le monde entier, s’étendent jusqu’au nord Soudan. Dans les années 1960, immédiatement après le début de la construction, une grande campagne de sauvetage a donc été entamée par l’UNESCO, permettant de déplacer de nombreux sites, notamment Abu Simbel, le Fort de Buhen et le Temple de Philaé. Dû au réservoir également, de nombreux villages modernes furent inondés, entraînant le déplacement d’environ 60 000 personnes.

Mais le principal point négatif d’Assouan sur l’environnement est lié aux sédiments, dont la retenue par le barrage entraîne de nombreuses conséquences :
o Le limon auparavant déposé chaque année par la crue et rendant les plaines du Nil fertiles est maintenant retenu par le barrage. En conséquences, les terres sont plus pauvres et les fermiers se voient obligés d’utiliser des fertilisants chimiques pour maintenir leur rendement. Or, ces fertilisants provoquent une pollution des sols et sont un poids financier important pour les agriculteurs.
o Les nutriments ne coulant plus jusqu’à la Méditerranée, les poissons diminuent, et avec eux le niveau de vie des pêcheurs,
o Le manque de sédiments provoque également l’érosion des bords du Nil, et entre autres du delta. Les industries de briques rouges qui utilisaient le limon du delta en tant que matière première furent sévèrement affectées. L’érosion, alliée à de mauvaises pratiques d’irrigation en aval du barrage, tendent à accroître la salinité de l’eau, à la fois dans le fleuve, le delta et la Méditerranée, cela impactant à son tour le flux vers l’Océan Atlantique (Je n’ai pas trouvé de source scientifique à cette dernière affirmation qui doit donc être prise avec des pincettes).
Enfin, le débit du fleuve étant diminué, il fournit des conditions de développement idéal pour les escargots porteurs du parasite bilharzia, deuxième fléau parasitaire en Egypte après la malaria.



MEROWE (ou Hamdab)
Site internet officiel : http://www.merowedam.gov.sd/en/index.php

Situé au nord du Soudan, à proximité de la ville de Merowe, le barrage homonyme atteint des sommets : en termes de taille, il fait plus de deux fois la longueur d’Assouan ; en termes de partenariat, c’est le plus grand projet international auquel la Chine ait participé ; enfin, en termes économiques, c’est le plus vaste projet contemporain d’hydroélectricité en Afrique. Ce projet, avec une capacité installée de 1250 MW, est vu comme la solution à tous les problèmes énergétiques du Soudan, confronté quotidiennement à plusieurs coupures de courant.

Carte d’identité du Barrage de Merowe
Localisation Sur la 4ème cataracte (chute d’eau) du Nil, à Merowe, dans le Nord du Soudan (350km au nord de Khartoum)
Construction 2004 – 3 Mars 2009 (Devait initialement être achevé mi-2008)
Longueur 9 km
Hauteur 67 m
Largeur (à la base) Donnée inconnue
Entretenu par Donnée inconnue
Réservoir Donnée inconnue
Capacité du réservoir 12,5 km3
Turbines 10 turbines Francis
Capacité installée 1250 MW (double de la capacité énergétique du Soudan)

Etudes de Faisabilité préliminaires :
Coyne et Bellier, France, 1979
Gibb, Merz & McLellan, Grande Bretagne, 1983
Sweco, Suède, 1984
Monenco Consultants Ltd., Canada, 1989
Monenco-Agra Company, Canada, 1993
the Hydro-project Institute, Russie, 1999.

Principaux contractants:
• China International Water&Electric Corp., China National Water Resources and Hydropower Engineering Corp. (Chine)
• Lahmeyer International (Allemagne)
• Alstom (France)
• Harbin Power Engineering Company, Jilin Province Transmission and Substation Project Company (Chine)

Histoire
L’idée du barrage de Merowe est issue de l’époque où le Soudan était encore appelé « condominium anglo-égyptien » au début du XXème siècle. Mais le plan ne fut jamais vraiment considéré sérieusement avant le gouvernement militaire du Président Nimeiri qui y ajouta l’idée de produire de l’hydroélectricité afin de faire face à la demande croissante des soudanais, en 1979. Nimeiri ordonna la réalisation de 4 études de faisabilité. Cependant, l’insuffisance des fonds ainsi que le désintérêt des investisseurs glacèrent le projet à l’étape de planification. Dans les années 1999/2000, le pays commença à exporter du pétrole en quantité commerciale, apportant un nouveau cash-flow. Le projet fut ravivé et les contrats pour le « Projet de Barrage de Merowe » furent signés en 2002 et 2003.
Le coût total du projet est de 1 200 millions d’euros, dont 800 millions apportés par des fonds de développement de la péninsule arabe (Arabe, Saoudien, Oman, Abu Dhabi, Koweït) et 400 millions par le gouvernement soudanais. Le 27 Août 2007, le Rapporteur Spécial des Nations Unies demanda l’arrêt de la construction du barrage de Merowe d’ici à ce qu’une évaluation indépendante sur le relogement des 60 000 personnes impactées par le barrage soit réalisée. En effet, le remplissage du barrage avait commencé avant que toutes les familles puissent être compensées.
Aujourd’hui, la construction de Merowe est terminée, mais plusieurs sujets polémiques plannent au dessus du barrage. En premier lieu, les revendications des pays en amont du bassin à obtenir leur part des eaux du Nil, suite aux accords de 1929 et 1959 signés entre le Soudan et en Egypte, allouant respectivement 18% et 82% des eaux à ces deux pays. (Note : En 1929, les deux pays étaient alors sous occupation britannique). En second lieu, les mouvements des guerillas provenant du Drafour, notamment le Front de Libération de la Nubie, qui a issu des menaces contre certaines infrastructures du Nord Soudanais, notamment à Kajbar.

Les points positifs du barrage de Merowe :
Remplissant son contrat, le barrage a permis la production d’une grande quantité d’hydroélectricité, doublant la capacité énergétique préexistante du Soudan. Avant la construction, le pays souffrait d’un manque d’électricité empêchant son développement économique et social. En parallèle du barrage, un programme de développement du réseau électrique soudanais est en cours. Selon le site officiel du projet (http://www.merowedam.gov.sd/en/index.php), les utilisations de l’hydroélectricité produite sont multiples :
o Irrigation,
o Alimentation de pompes électriques permettant de pomper l’eau souterraine et d’étendre le secteur agricole,
o Industrie et mines.

Outre la production d’électricité, le barrage présente un certain nombre d’autres avantages :
o Le développement de la pêche dans le réservoir,
o La prévention des inondations en aval,
o L’amélioration du transport,
o La création d’investissements et d’emplois,
o La réduction de la pression dûe à la forte demande (pour l’irrigatio et l’électricité) vis-à-vis des barrages existants

Les points négatifs du barrage de Merowe :
Etant de taille largement inférieure au barrage d’Assouan (12,5 km3 contre 111km3 pour le Lac Nasser), le barrage de Merowe pose moins de problèmes écologiques. D’autre part, la réalisation de plusieurs études de faisabilité a permis la réalisation de plans plus « propres ».

Concernant les sites archéologiques, il semble que la région en soit truffée puisque de nombreuses dynasties avaient élu domicile en Nubie. Cependant, le Soudan attire beaucoup moins l’attention que l’Egypte et au contraire de la Vallée du Nil, les investisseurs ne se sont pas précipités pour excaver les vestiges des civilisations anciennes à l’annonce du projet. D’autre part, el gouvernement soudanais a toujours eu des moyens financiers limités et un intérêt moindre pour les fouilles archéologiques, si bien que si certains sites se trouvaient dans la région, ils sont maintenant inondés. Plusieurs ONG avaient bien commencé les fouilles mais s’étaient vite arrêtées par manque de moyens.

L’évaporation est assez importante, estimée jusqu’à 1,5 milliards de m³, soit environ 8% du montant total de l’eau accordée au Soudan dans le traité de 1959 (18 milliards de m3). Mais la principale critique émise contre le barrage de Merowe ne réside dans rien de tout cela. Elle concerne la population des déplacés. Une estimation place à 55 à 70 000 le nombre de déplacés dans la zone occupée aujourd’hui par le réservoir. Ce sont des personnes appartenant principalement aux tribus Manasir, Hamadab et Amri et qui vivaient la culture des haricots, du millet et des palmiers datiers. Suite à l’annonce du barrage, beaucoup de familles désiraient rester vivre sur les bords du lac mais le gouvernement avait déterminé 3 sites de relogement à Al-Multaqah, Al-Makabrab et Al-Muqadam. Des plans de compensation ont été déssinés, refusés par les fermiers pour un certain nombre de raisons, entre autres :
o Le sol des 3 sites de relogement est sablonneux, et pas aussi fertile que le précédent,
o Le gouvernement a annoncé fournir un approvisionnement en eau, le désensablement et des fertilisants pour les deux premières années seulement,
o Les compensations sont faibles par rapport aux pertes encourues.
D’autre part, un grand nombre de personnes vivant sur le site étaient des nomades, qui n’ont pas été compensés pour leur déplacement.

La construction de barrages nécessite systématiquement le déplacement d’un certain nombre de personnes. Ce qui est reproché est plus la façon dont ces plans de compensation sont réalisés, sans consultation ni information préalable, que leur existence en soi.



GIBE 3
Site internet officiel : http://www.gibe3.com.et/

Le seul des 3 barrages de cet article n’étant pas localisé sur le Nil, Gibe 3 fait partie d’un programme éthiopien de 5 barrages en cascade sur la rivière Gilgel Gibe. Topographiquement, l’Ethiopie est en effet le pays idéal pour développer l’hydroélectricité. Les A l’heure actuelle, les visions de coopération autour du Nil envisagent l’Ethiopie comme le futur fournisseur énergétique du bassin du Nil. Gibe 3 pourrait-il servir de pierre angulaire à d’autres projets encore plus ambitieux ?

Carte d’identité du Barrage Hydroélectrique de Gibe 3 (en projet)
Localisation Rivière Omo, sud-ouest de l’Ethiopie, Southern Nations Nationalities & Peoples Regional State
Construction Début en 2006, 35% complété en Décembre 2009, Ouverture prévue pour Décembre 2013
Longueur 610 m
Hauteur 243 m
Largeur (à la base) Donnée inconnue
Entretenu par Ethiopian Electric Power Corporation
Réservoir 210 km 2
Capacité du réservoir 14,7 km3
Turbines 10 turbines Francis
Capacité installée 1870 MW (doublant la capacité installée de l’Ethiopie)

Etudes préalables:
Une Etude d’Impact Social et Environnemental a été menée par CESI et AGRICONSULTING d’Italie, en partenariat avec MDI Consulting Engineers d’Ethiopie.

Histoire
Les premières annonces de la série de barrages sur la rivière Gilgel-Gibe ont été faites dans les années 1980. Le premier projet, Gibe I, concerne l’usine de Gilgel Gibe dont la construction a eu lieu de 1986 à 2004 (elle fut interrompue dans le début des années 1990). Le deuxième phase est l’usine de Gibe II pour laquelle le flux de la rivière Gilgel Gibe est conduit le long d’un tunnel hydraulique de 26 km jusqu’à la rivière Omo, à 2km en aval du barrage de Gibe I. Cette deuxième phase était complète à 97.5% en août 2009 (chiffres les plus récents que j’aie pu trouver) et devait passer devant une commission à partir de septembre 2009. La troisième phase, le barrage de Gibe III, est en discussion. Le coût total du projet 1,55 milliards d’euros pour le barrage et l’usine hydroélectrique. Cependant l’objectif du barrage est l’approvisionnement d’Addis Abeba ainsi que l’export dans les pays voisins de l’Ethiopie et ce coût n’inclut pas les lignes de transmission ni le réseau électrique attenants. Selon le site officiel du projet (http://www.gibe3.com.et/), la plupart des coûts de construction seront financés par le gouvernement éthiopien avec ses fonds propres. La Banque Africaine de Développement a retardé sa decision de financement avant la fin d’une etude d’impact environnementale réalisée par une ONG.

Un accord a été signé le 19 juillet 2006 entre Ethiopian Electric Power Corporation (EEPCo) et l’italien Salini Costruttori S.p.A (contractant). Un amendement à ce contrat a été fait le 22 avril 2008 afin d’incorporer des changements dans la teneur du travail. Initialement, le barrage devait être un Barrage Rockfill mais a été transformé en Roller Compacted Concrete (RCC) pour des raisons techniques. A la suite du programme, les barrages de Gibe IV et Gibe V, d’une capacité respective de 1472MW et 560MW.

Les points positifs du Barrage de Gibe 3:
L’objectif de Gibe 3 est de fournir la moitié de sa capacité installée totale (1870 MW) à l’Ethiopie, et d’exporter l’autre moitié vers le Kenya (500 MW), le Soudan (200 MW) et Djibouti (200 MW). Cependant, aucun accord d’achat n’a encore été signé. Seul le Kenya a signé un Protocole d’Entente avec l’Ethiopie s’engageant à acheter l’électricité du barrage.

En parallèle du barrage de Gibe 3, le gouvernement Ethiopien mène un projet ambitieux d’expansion du réseau rural d’électricité supporté par la Banque Mondiale et appelé « projet Ethiopien d’accès à l’énergie » (« Ethiopia Energy Access Project »). Le barrage de Gibe 3 a également un volet de protection des inondations afin d’éviter des catastrophes comme celle de 2006 qui avait tué 360 personnes.

Les points négatifs du Barrage de Gibe 3:
A nouveau, une des critiques du barrage de Gibe 3 est liée à l’aspect social. Les opposants au projet craignent un impact sur le flux saisonnier de la rivière Omo et sur le Lac Turkana en aval. L’ONG Friends of Lake Turkana, entre autres, avance que la réduction du flux pourrait augmenter la salinité du lac et rendre l’eau non potable pour les communautés riveraines ainsi que diminuer la quantité de poissons dont nombre de ces villages dépendent. D’autre part, la modification du flux pourrait perturber les cultures sur le bord de la rivière, portant atteinte à la sécurité alimentaire de 8 communautés indigènes : Mursi, Bodi (Mekan), Muguji (Kwegu), Kara (Karo), Hamar, Bashada, Nyangatom et Daasanech. Le gouvernement éthiopien a répondu à ces critiques en affirmant que le barrage n’affecterait pas le niveau du Lac Turkana sauf pendant le remplissage du réservoir (où il baisserait de 2m).

L’ Etude d’Impact Social et Environnemental s’est terminée en 2008, deux ans après le début des travaux pour la construction du barrage. Les critiques opposent que les consultations publiques liées à cette étude n’ont été que très minimes. En juillet 2009, un panel indépendant de conseil environnemental a été établi, notamment dans l’espoir d’apaiser les critiques à propos du barrage. Un peu trop tard peut-être.

Le contrat de 1,7 milliard de dollars a été signé avec le constructeur italien Salini, sans aucun appel d’offre préalable. On peut aujourd’hui voir les panneaux du projet sur le bord du fleuve Gilgel Gibe, que nombreux de nos rendez-vous éthiopiens se sont empressés d’aller photographier, comme preuve de manque d’intégrité du projet. Les estimations placent la fin de la construction à décembre 2013, bien que la totalité du budget n’ait pas été bouclée. Gibe 3 s’annonce aujourd’hui comme un pari économique et financier risqué pour un des pays les plus pauvres au monde. Les habitants craignent que la production d’électricité du barrage n’ait pas d’impact économique positif sur leur niveau de vie, étant trop pauvres pour pouvoir accéder à une ressource certes propre, mais encore très chère.


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